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Mars

D’ici et d’ailleurs

Depuis que j’ai commencé à voyager, à découvrir de nouvelles contrées, de nouvelles cultures, ce sentiment d’ici et d’ailleurs est venu s’ancrer très profondément en moi.

Mes 1ers voyages étaient la Guyane. Étudiante en biologie, passionnée de plantes, je découvrais alors la forêt tropicale humide. Un rêve éveillé dont je ne me suis jamais vraiment remise. C’est cette forêt que je cherche depuis, consciemment ou inconsciemment partout où je vais. Cette ambiance de nuits sonores, vivantes et luxuriantes quand je suis nichée au creux de mon hamac qui contraste avec l’ambiance des journées chaudes, humides et foisonnantes quand je marche en silence accompagnée de ma presse à herbier.

 J’ai grandi dans le sud de la France et pourtant à chaque fois que j’ai posé le pied sur le tarmac de Rochambeau, l’aéroport de Cayenne, j’ai eu ce sentiment de « retour à la maison » et donc je me sentais d’ici et d’ailleurs.

Je ne savais pas alors si c’était l’effet Guyane ou si j’aurais ce ressenti à chaque nouvelle destination… Une petite voix me disait : « si ça te fait ça à chaque fois, tu vas avoir du mal à ne pas finir écartelée ! »

Un voyage au Togo m’a rassuré de ce côté-là, j’ai adoré et aimé ce pays et sa culture, mais je n’ai pas eu ce sentiment d’ici et d’ailleurs. J’ai alors dit à ma petite voix:  » tu vois c’est juste la Guyane ! »

Puis il y a eu ma rencontre avec Madagascar … la Grande Ile, l’Ile Rouge, celle qui me parlait tout bas depuis des années, celle qui me racontait des histoires et me faisait rêver, celle qui m’envoutait sans que je ne sache vraiment pourquoi. Madagascar m’a accueillie à bras ouvert, souriante, chaleureuse et envoûtante, pauvre, dénudée, fumante et malade elle aussi de son humanité.

Avec Madagascar, « d’ici et d’ailleurs » n’a jamais été aussi fort, un sentiment d’être à la maison aussi présent que quand je retrouve la France qui m’a vue grandir. Après 3 ans j’ai quitté Madagascar, j’ai rencontré d’autres terres et d’autres iles toutes aussi accueillantes et belles mais même après quelques années, je me savais et me sentais d’ailleurs. Mais pas forcément de France …

Lundi, je franchis enfin le cap, je prends ce dernier vol qui me sépare encore d’elle, je la rejoins prête à la redécouvrir après 8 ans de séparation. J’ai hâte, elle ne m’a pas lâchée depuis que je l’ai quittée. J’ai essayé de l’oublier, de la garder au chaud dans mon coeur comme je garde les autres, mais elle est restée devant, elle s’est rappelée à moi régulièrement en rêve, en pensée, elle m’a harcelée parfois. J’étais à l’autre bout de la terre sur une petite ile fidjienne paradisiaque, mais c’est Madagascar qui continuait de m’appeler.

Je me sens un peu … vide !

Au milieu de ce bruit incessant des réseaux sociaux, des réseaux d’informations, des réseaux amicaux et familiaux, je me sens un peu … vide ! Que te dire, comment t’aider, qu’est-ce que je peux t’apporter en ce drôle de moment que nous vivons tous. À me poser trop de questions, ma seule réponse pour le moment est le silence, le recul, l’observation.

Je voudrais te raconter mes retrouvailles avec Madagascar, le plein d’amour que j’ai fait en retrouvant des gens que j’aime,  je voudrais te dire ce que je fais pour prendre soin de moi et garder le moral, je pourrais aussi te partager mes angoisses, l’insécurité de ma situation professionnelle, de ma vulnérabilité d’artiste indépendante expatriée, je pourrais te parler de la gratitude que j’arrive à avoir pour ce virus, l’ambiguïté que je ressens profondément en moi face à cette situation mondiale, humainement dramatique, mais environnementalement salvatrice…

Je voudrais te parler de tout et de rien, mais surtout de rien en fait, puisque rien ne sort … et que je ne me force pas à écrire pour écrire. Je laisse faire, j’observe, je m’observe. Je sais que mon besoin d’écrire va revenir, mais je respecte pour le moment ce rien, je laisse la place à ce vide et je l’accueille sans jugement et sans pression.

Je te raconterai tout ce que j’ai à te raconter plus tard, demain, la semaine prochaine, ou le mois prochain, je ne sais pas !

Tout ce que j’ai envie de faire pour l’instant c’est :

– Dessiner, sûrement pour pouvoir me libérer de mon mental et laisser libre court à mon âme d’aller où elle veut, faire le plein de vie !

– Continuer de te montrer ma vision du monde, la beauté qui est partout, dans les moindres petites choses. N’hésite pas à me retrouver sur Instagram et/ou Patreon pour tout ça !

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